mardi 14 juin 2011

« Qui a tué Natacha ? » dans La grand traque sur France 2

Russie: Accusé d'avoir diffamé le président tchétchène, il est... acquitté

Mis à jour le 14.06.11 à 22h25
Inattendu. Un tribunal moscovite a acquitté mardi Oleg Orlov, dirigeant du groupe de défense des droits de l'homme Memorial, qui était accusé d'avoir diffamé le dirigeant tchétchène pro-russe Ramzan Kadirov.

Cette décision a surpris les observateurs étrangers, qui reprochent fréquemment à la justice russe de se plier aux injonctions du pouvoir politique.

Le tribunal a estimé qu'Orlov, qui avait jugé Kadirov responsable de l'assassinat de la militante des droits de l'homme Natalia Estermirova en 2009 à Grozny, n'avait fait qu'exprimer une opinion personnelle, sans accuser le dirigeant tchétchène d'implication directe dans ce crime.

Lors d'un précédent procès au civil en 2009 dans la même affaire, Kadirov avait obtenu des dommages et intérêts. Cette fois-ci, au pénal, Oleg Orlov risquait trois années de prison s'il avait été jugé coupable.

Les avocats de Kadirov ont annoncé qu'il ferait appel de la décision du tribunal de Moscou.




france2-2008.jpgLe mardi 14 juin, Nicolas Poincaré présentera à 23h sur France 2 un nouveau numéro de la collection documentaire "La grande traque" qui est consacrée aux hommes qui sont, ou qui ont été, les plus recherchés de la planète.

Le principe de cette série est de revenir et d’enquêter sur les crimes qu’ils ont commis, de raconter leur cavale mais aussi de retrouver ceux qui les ont côtoyés : témoins directs, victimes, membres de leur famille, complices. Chaque documentaire est complété par un débat animé par Nicolas Poincaré.

Au sommaire de ce nouveau numéro, « Qui a tué Natacha ? » réalisé par Mylène Sauloy qui a reçu en mars 2011 le Grand Prix de l’Organisation Mondiale contre la torture décerné dans le cadre du 9ème festival du Film et Forum International sur les Droits Humains de Genève.

Grozny, quartier Hippodrome, 15 juillet 2009.... Une femme est enlevée devant son domicile ; quelques heures plus tard, son corps sans vie est retrouvé au bord d'une route, à quelques dizaines de kilomètres. Elle s'appelle Natacha Estemirova. Journaliste, défenseure des droits de l'homme à l'association Memorial, elle avait succédé à Ana Politkovskaya, son amie journaliste russe tuée trois ans plus tôt...

Assassinées toutes deux par balle. Et toutes deux menacées de longue date ... par le président tchétchène Ramzan Kadyrov, que Poutine a installé à la tête du pays.

Enquête en Tchétchénie, en Russie et en Angleterre sur le système mis en place par Poutine pour supprimer toute voix dissonante qui a déjà coûté la vie à 25 journalistes et à de multiples opposants... Ce même système qui couvre Kadyrov, accusé de multiples crimes.

Enquête également sur la mort annoncée de Natacha Estemirova, qui dévoile le courage et les vies multiples d'une femme exceptionnelle.

jeudi 5 mai 2011

Elle ne faisait que bavarder au lieu de les défendre...

Tchétchénie: Estemirova ne faisait rien d'utile (Kadyrov)

Natalia Estemirova
15:31 28/04/2011
MOSCOU, 28 avril - RIA Novosti

Le chef de la République de Tchétchénie Ramzan Kadyrov a déclaré jeudi qu'il ne voyait rien d'utile dans l'action de la militante des droits de l'hommeNatalia Estemirova, assassinée en 2009.
"Je ne voyais dans son travail rien d'utile pour le peuple tchétchène. Elle ne défendait pas les droits de l'homme, elle ne faisait que bavarder au lieu de les défendre", a-t-il dit, lors d'un interrogatoire lié à sa plainte pénale pour diffamation contre Oleg Orlov, directeur de l'ONG de défense des droits de l'homme Memorial.
Dans le même temps, M.Kadyrov a indiqué avoir une bonne opinion de Mme Estemirova, en tant que femme et mère.
Le 15 juillet 2009, Natalia Estemirova, journaliste et militante de l'ONG Memorial, a été enlevée dans la capitale tchétchène, Grozny. Elle a été retrouvée morte quelques heures plus tard dans la république d'Ingouchie voisine. Ce meurtre a eu un grand retentissement international. Mémorial a suspendu ses activités en Tchétchénie avant de les reprendre en décembre 2009.
Le directeur de Memorial, Oleg Orlov, a accusé Ramzan Kadyrov d'être derrière l'assassinat. Des propos en ce sens lui ont déjà valu d'être condamné pour "atteinte à l'honneur" de l'homme fort de la Tchétchénie. Il est désormais poursuivi au pénal pour diffamation.

mercredi 27 avril 2011

Ingouchie : le règne de la terreur

De Thomas Dandois, Pierre Creisson et Alexandra Kogan – ARTE GEIE / Camicas Productions – France 2010


« La porte a volé en éclats, les hommes masqués sont entrés avec leurs kalachnikovs et ont emmené notre fils… Il était 3 heures du matin. » Les parents les plus courageux racontent tous la même histoire.
Alors, combien sont-ils, les enfants d’Ingouchie à disparaître ainsi depuis quelques années ?



Des hommes jeunes, accusés par Moscou de terrorisme. L’histoire tchétchène bégaye dans la petite république voisine d’Ingouchie.
Un demi-million d’habitants, musulmans pour la plupart. Des disparitions mystérieuses comme celles-ci, il y en a tous les mois, parfois toutes les semaines.

Dans cette république autonome qui appartient à la Fédération de Russie, une guerre larvée fait rage depuis quelques années entre d’un côté, les forces de l’ordre russes et ingouches, et de l’autre, une guérilla islamiste.
Car personne ne le nie, chaque semaine ou presque, les rebelles perpétuent des attentats. Des attaques suicides à la bombe contre des bâtiments publics. Des assassinats de policiers en pleine rue. Des attaques de convois militaires.

Et c’est au nom de la lutte contre le terrorisme que les autorités russes se sont lancées dans une répression comparable à celle de la Tchétchénie. Comme à Grozny, des hommes masqués circulent dans les rues en Ingouchie. Et ils ont tous les droits. Au moindre soupçon, ils arrêtent, ils kidnappent. Ils tuent. En toute impunité.
Les victimes sont le plus souvent des civils, dont les frères ou les cousins iront rejoindre une guérilla dont on ignore aujourd’hui si elle est encore vraiment islamiste ou davantage composée de citoyens désireux de venger un proche.


Chaque attentat à Nazran ou à Moscou renforce la répression dans le Caucase, et cette répression pousse chaque jour plus de jeunes dans le maquis. Le cercle vicieux se referme dans un assourdissant silence médiatique…


LE COMBAT DES MÈRES DU DAGHESTAN

Par Diana Velibekova   -  Publié le 15 janvier 2010 
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Dans le Nord de la Russie, des rebelles islamistes font basculer le Daghestan dans le chaos. Terrorisme, répression de la milice, enlèvements, corruption…En 2007 Les mères du Daghestan se sont regroupées pour protester contre les disparitions forcées de leurs enfants…La Suite En Video


Rayana ou l’enfance brisée

Arbi Sadoulaev, frère de Rayana Sadoulaeva.


Rayana était la fondatrice du centre «Sauvons la Génération» a Grozny. Elle a été enlevée, torturée et assassinée le 10 août 2009. Son frère Arbi raconte son incompréhension lors d'une soirée d'hommage à sa soeur et à Natalia Estemirova au festival du film de Douarnenez. (en russe, interprétation par Anne Le Huérou)


First broadcast schedule: Tue, 25. Aug 2009, 12:00 am



Rayana ou l’enfance brisée.

Grozny, la ville la plus bombardée depuis la Seconde guerre mondiale. Deux guerres successives ont laissé 3 800 mutilés à vie - dont près d’un millier d’enfants – victimes non reconnues d’une guerre qui tait son nom.

de Mylène Sauloy - ARTE GEIE – France 2006

ARTE Reportage - 06.12.2006



Rayana Sadoulaeva, une récompense posthume

11 décembre 2009 : le Ministère français des Affaires étrangères doit remettre à Rayana Sadoulaeva, le prix des Droits de l’Homme pour son courage et sa détermination. Rayana Sadoulaeva a été assassinée en août dernier. En Tchétchénie, la guerre a laissé plus d'un millier d'enfants et d'adolescents handicapés à vie. Elle se battait à leurs côtés pour "sauver la génération".

Impitoyable, interminable, la double guerre de Tchétchénie, écrasante riposte du Kremlin à la volonté d'indépendance tchétchène, a fait en dix ans près de 200.000 morts soit 20% de la population. Elle a aussi produit des milliers d'handicapés, victimes des bombardements et des mines, survivants mutilés dans leur chair. Parmi eux, nombre d’enfants et d’adolescents, fauchés à l'aube de leur vie.

C'est dans un camp de réfugiés de l'Ingouchie voisine où elle avait dû se mettre à l'abri avec sa famille que Rayana Sadoulaeva a pris la mesure du drame de ces jeunes. Elle a d'abord collaboré avec l'UNICEF à un programme d'appareillage des enfants et de prévention contre les mines. Puis en 2001, elle a fondé "Spassiom Pakaliene" (Sauvons la génération), une ONG dont le nom évoque autant le cri d'alarme que l'élan salvateur. Pour redonner des jambes mais aussi le goût de vivre, la confiance et un avenir possible aux enfants massacrés par la guerre. Elle veut en faire des adultes debout.

Dans le centre de réhabilitation ouvert à Grozny par l'association, les jeunes reçoivent un suivi médical et psychologique. Ils disposent d'une première formation à l'informatique. Et ils ne sont plus seuls. Rayana les emmène en vacances, les fait danser, faire du théâtre, la fête. Elle les accompagne à Moscou, jusqu'en Allemagne ou en Italie pour qu'ils reçoivent un appareillage adapté. Elle soutient leurs familles. Elle conduit aussi un programme de sensibilisation au danger des mines antipersonnel, via la télévision et le théâtre : avec 40 tonnes de roquettes, mines et obus non explosés sur son petit territoire, la Tchétchénie est le pays le plus miné au monde. Elle se bat, avec l'aide internationale mais seule sur le terrain, jeune femme Tchétchène sous son fichu, avec sa force de vie et son humour qui minimise le travail accompli.

Rien ne la prédisposait à ce destin-là. Quand la première guerre de Tchétchénie a éclaté en 1994, elle s'apprêtait à fêter ses vingt ans. Elle étudiait l'histoire à Grozny, sans imaginer que celle-ci allait prendre son pays pour cible. Elle est restée terrée dans son village natal avec les siens, sous les bombardements pendant deux hivers lugubres. « Je n'avais plus envie de rien faire. J'avais l'âme vide ». Croyante, elle a relu le Coran, repris des forces. En 1999, quand la deuxième guerre a éclaté, elle ne voulait plus subir mais agir.

Elle a rejoint dans leur combat au jour le jour pour les droits de l'homme d'autres femmes Tchétchènes, au courage indicible. Qui dérangent le pouvoir en place, soucieux lui, de faire oublier les exactions russes. En juillet dernier, Natalia Estemirova , à la tête de l'ONG Memorial a d’ailleurs été assassinée.


Le 11 Août, suivant un scénario semblable, des miliciens en armes sont venus à l'association chercher Rayana et celui qui était, depuis peu, son mari. On a retrouvé leurs corps dans le coffre de leur voiture. Elle était enceinte. Elle aurait eu 35 ans à Noël.

Disparition en Tchétchénie

ARTE Journal - 27 mai 2010
Amnesty International consacre une partie importante de son rapport 2010 à la situation dans le Nord Caucase. En Tchétchénie, les violations des droits humains - et en particulier les disparitions de personnes - se poursuivent. Selon les estimations, depuis 1999, 5000 disparitions seraient imputables aux forces de sécurité russes. Notre reporter Hérade Feist a rencontré à Paris Zalina Murdova, enseignante tchétchène dont le frère a disparu à Grozny en 2001. Neuf ans après, elle est toujours sans nouvelle...





DISPARITIONS EN TCHÉTCHÉNIE, ZALINA TÉMOIGNE


Par La rédaction   -  Publié le 9 juillet 2010 

Zalina est tchétchène mais vit réfugiée en Norvège. Depuis que son frère a été arrêté par la Police locale, elle n’a jamais eu de nouvelles. Elle est venue à Paris pour témoigner et faire bouger les choses. Témoignage et décryptage d’une experte de la Russie des bureaux d’Amnesty International.
  La Suite En Video

ANNE NIVAT

Reporter réputée, Anne Nivat nous livre un témoignage bouleversant sur son expérience en tant que correspondante de guerre pour la Tchétchénie, l'Irak et l'Afghanistan, en partageant sa vision d'un journalisme qu'elle veut proche des gens.